Un peu avant de partir vivre au Sénégal, j’ai eu vent d’un poste vacant au Sénégal avec le CECI (Centre canadien d’études et de coopération internationale). J’ai donc fait les démarches pour parler directement à Catherine Darveau, la recruteur. Après une courte discussion téléphonique, elle décide de me recevoir en entrevue quelques jours plus tard. Mon entrevue à duré 2h30. J’explique ma formation académique, mes expériences de travail et mon amour du Sénégal. Je quitte l’entrevue avec l’impression d’avoir 2 nouvelles amies. Je travaille toujours pour le RQuODE et nous sommes à planifier notre colloque annuel. Je donne un atelier sur la mission à Paris que j’ai organisée en juin. L’atelier se termine et pendant que je ramasse mes affaires, mon cellulaire sonne. C’est Catherine Darveau. Elle me dit avoir rencontré 3 autres personnes, mais je suis la seule qui correspondait vraiment au profil. Elle me confirme que je suis attendue au Sénégal et je débute le 1er mai. Je cours au téléphone public du hall de l’hôtel dans lequel se trouve le colloque. Je téléphone au Sénégal à frais viré et j’annonce la bonne nouvelle à mon mari. Nous nous réjouissons rapidement mais compte tenu des frais d’appel nous raccrochons. De toute façon, je pars dans 2 jours donc on va bientôt se retrouver. J’atterri à Dakar le 1er avril. Nous allons à Ngor à l’auberge de Collé. Nous ne resterons pas longtemps, car nous devons nous rendre à Thiès pour faire une recherche de logement. Mon boulot est à Thiès, une petite ville à l’intérieur des terres à 70 km de Dakar. C’est joli Thiès, je l’appelle mon Chicoutimi du Sénégal.
Mon mandat
J’arrive au CECI de point E, un quartier de Dakar où je me perds toujours. Nos bureaux sont sur la rue du Sud, mais personne ne connaît cette rue. Ils connaissent la rue sous le nom de Kaola… donc c’est pas évident quand on cherche. Je rencontre Babacar, mon boss. On discute autour d’un café et je signe mon contrat. Le réseau de l’AUMN est constitué de coopératives agricoles regroupées en 16 unions en fonction de leur proximité géographique. Les 16 unions sont associées dans l’AUMN qui représente 7000 membres. Tous les membres et le personnel sont des paysans qui sont pour la majorité analphabètes. Ces gens, en plus de gérer leur coop, sont sur les instances administratives, font des représentations auprès de divers acteurs (pouvoir public et agence de régulation des marchés). Certains sont prêtés comme effectif temporaire à la permanence de l’AUMN (coordonnateur, secrétaire et trésorerie).
Les problèmes majeurs à régler étaient: la non application des cadres définis, l’incapacité à approfondir les enjeux et à formuler des revendications, les abus divers au niveau financier et l’absence de vision à long terme. Pour remédier à la situation, il fallait procéder à la planification, à l’élaboration et à la tenue d’activités de concertation dans les diverses régions de toute la zone qui s’étend de Dakar à St-Louis. Nous allons former de petits groupes et l’on tiendra des ateliers de réflexion pour approfondir les besoins, formuler des revendications et des pistes de solution. Par la suite, je ferai la rédaction des plaidoyers en présentant les problématiques, les enjeux, l’argumentaire, les pistes de solutions et les recommandations. Les principaux enjeux étaient la qualité des produits, les conditions climatiques, la gestion foncière et la concurrence des marchés externes. Ça c’était mon mandat principal et tout devait être réalisable financièrement, matériellement, humainement car les paysans ont de la difficulté à évaluer leur capacité d’action.