Nous sommes à Joal-Fadiouth (126 km de Dakar) en voyage pour le week-end. Après 2 jours, je commence à me sentir pas très bien. J’ai la tête tressée et mes tresses me font extrêmement mal. Je me traîne toute la journée au soleil tapant et j’ai un total manque d’énergie. Le soir dans la case, je suis étendue, brûlée et avec de la difficulté à me lever. Je regarde mon mari et je lui dis: je pense que je vais tomber malade, on va rentrer à la maison demain. Le lendemain matin, j’ai mal aux tresses comme pas possible. On prépare nos valises. En arrivant à la gare routière, il n’y a pas de taxi disponibles pour rentrer à Thiès. Nous attendons l’arrivée du 7 places. Quelques heures plus tard, enfin il est là. Comme nous sommes les premiers arrivés, nous choisissons les meilleures places. Mais au Sénégal, les taxis 7 places ne partent pas tant qu’ils ne sont pas complets. Donc nous avons dû attendre encore quelques heures assis dans le taxi avant de décoller vers Thiès. Arrivés à la gare routière de Thiès, la marche dans le sable est pénible. Le vent est si chaud que j’ai l’impression d’être dans un four à broil (grill). Enfin arrivés à la maison, je me dépêche de défaire ces satanées tresses qui me torture la tête depuis 2 jours. C’est une véritable libération!

Toute la nuit j’ai mal partout. À la tête, aux genoux mais surtout au bassin et dans les hanches. Je dors mal et je tourne et tourne. Je me lève pour aller aux toilettes et j’ai la diarrhée. Je vais aux toilettes toutes les 10 minutes. Au matin, ça ne va vraiment plus. Je prends ma température et je suis à 40 de fièvre. Khadim dit qu’on s’en va à l’hôpital immédiatement. Je m’habille de peine et de misère, je mets un simple short et un T-shirt. On saute dans un taxi et direction la Clinique privée du médecin libanais de Thiès. La route me semble durer une éternité. J’ai mal au ventre et je suis à moitié morte sur la banquette arrière du taxi.

Une fois à la clinique, la salle d’attente est bondée. Je m’assois sur un des bancs de bois pas de dossier, comme ceux des gymnases. Khadim est allé m’inscrire pour une consultation. On attends sur l’inconfortable banc. L’envie de chier me pogne. Il y a une toilette dans la salle d’attente. J’y vais et j’ouvre la porte, ah non c’est une toilette turque. Je suis capable de faire pipi là dessus mais pas caca. Mais là j’ai tellement envie que je m’essaie pareil. Je m’accroupi. Rien ne sort, blocage turc, je n’y arrive pas. Je retourne sur mon banc avec mon mal de ventre. Je vois le médecin qui me prescrit des analyses sanguines et un test de goutte épaisse (pour le paludisme, malaria). Il nous dit: faites les analyses et revenez prendre les résultats à 16 heures. Une infirmière vient me chercher. Elle m’emmène à l’étage où se trouve la salle de prélèvements. En montant l’escalier, j’ai toujours mon envie de chier alors je demande à l’infirmière pour aller aux toilettes. Elle me dit que les toilettes sont plus loin. C’est à ce moment que je chie littéralement dans mes shorts. Je cours à la salle de bain, ça me coule le long des jambes et je sens un tas dans mes culottes. J’ouvre la porte de la salle de bain et Alhamdoulilahi c’est une chaise anglaise! Je me vide. J’ouvre le lavabo et nettoie ma culotte comme je peux. Il y a une grosse tache sur mon short, mais je n’ai pas le choix de le remettre. Je mets ma culotte en boule en dessous de mon bras. L’infirmière m’attends et nous allons à la salle de prélèvements.

C’est un infirmier beau comme un coeur qui m’accueille. Il me fait étendre sur la civière. J’ai ma culotte sale en dessous du bras. Je sens la merde à plein nez. Je suis tellement gênée. Je lui dit: Excuse moi han, je suis malade, je sens meilleur que ça d’habitude. Il me fait un méga gros sourire et me dit y’a pas de problème, il y a pire que ça et je comprends. Dans son fort intérieur, je suis sûre que l’infirmier riait à coeur joie. Il a juste été poli. Après mes analyses, je ne trouve plus Khadim nul part. Je fais le tour de la clinique, rien. Je sors dehors, il n’est pas là non plus. Je commence à capoter. Je veux rentrer à la maison, ça urge. Tout à coup, Khadim sort de nulle part. Nous cherchons un taxi mais comme de fait, il y en a aucun qui passe. Un taximan nous dit: je vais porter la dame et je reviens vous chercher. Entre temps, un autre taxi passe et nous prend. Je suis dans le taxi, toujours avec ma culotte sale sous le bras, et je veux mourir. L’envie de chier me reprend. Je fais des pieds et des mains pour me retenir mais ça devient de plus en plus pressant. Je vois ma maison au loin. Plus on avance, plus je me demande si je vais me rendre. Nous étions presque arrivés et j’ai chié dans le taxi!! La honte!! Le taximan s’est arrêté, je suis sortie à la course pour me rendre… aux toilettes chez moi. C’est Khadim qui a payé la course et qui a géré le taximan. Il est venu me rejoindre dans la chambre et heureusement, on en a plus jamais reparlé. J’ai dormi pratiquement tout le reste de la journée.

À 16 heures, nous retournons à la clinique tel que convenu. Il n’y a presque plus personne. Le médecin vient me chercher presque tout de suite. Dans son bureau, il m’explique que ça ne va pas bien du tout. Il me dit que j’ai 2 bactéries intestinales. Il me prescrit des antibiotiques à large spectre qui devrait tout enrayer. Il regarde mon test de goutte épaisse et me dit que c’est positif. Cela veut dire que j’ai le paludisme, aussi appelé malaria. C’est la raison de la fièvre et des douleurs articulaires. Il me prescrit du Coartem, un anti-paludéen. J’ai commencé la médication le soir même. Après 3 jours, ça allait vraiment mieux. Toutefois, cela m’a pris un bon 2 semaines avant de me remettre complètement du palu et me sentir normale. C’est la fatigue qui a été le plus long à partir. Alors, n’est-ce pas que c’est honteux?

À suivre…

DIARRA TOUBAB

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